La Plus Précieuse Des Marchandises

Il était une fois une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron qui vivaient au fond d’une forêt polonaise. Pauvre bûcheronne se lamentait de ne pas avoir d'enfants. Il était une fois une famille juive, deux jumeaux nouveau-nés et leurs parents, qui se fit arrêter à Paris puis déporter vers le camp d'Auschwitz.Dans le train qui les emportait vers une mort certaine, le père fit un geste insensé. Dans un ultime et dérisoire espoir, il lança un de ses jumeaux hors du train. Un jour que pauvre bûcheronne regardait passer un train qu'elle croyait être de marchandises, un paquet en fut éjecté et tomba dans la neige. Comme un don du ciel, cette petite marchandise s'avéra être celle qu'elle attendait avec tant de ferveur. Une enfant.

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"La plus précieuse des marchandises de Michel Hazanavicius, inspiré du roman éponyme de Jean-Claude Grumberg, est un conte de ceux qui nourrissent notre enfance. Mais cette forêt, ces trains à vapeur qui circulent, ces camps de concentration et d’extermination et ces Hommes déshumanisés par la Shoah, ne relèvent pas du royaume enchanté. Pourtant, au cœur des ténèbres, se cache toujours une petite touche de lumière. Et cette petite touche de lumière au cœur des ténèbres, ce sont les Justes. Ceux qui ont, envers et contre tous, et de la plus simple manière du monde, sacrifié leur sécurité et leur liberté pour sauver des vies. Ceux qui ont sauvé des vies, non pas pour leur propre dignité, mais pour la dignité de l’univers tout entier. Ceux qui ont défendu ce que l’humain a de plus beau au plus profond de lui : la générosité, la tendresse, la bienveillance, et avant tout l’amour.

La plus précieuse des marchandises de Michel Hazanavicius, c’est raconter la Shoah sans la montrer. Ne pas montrer la Shoah mais la suggérer. Et pour cela, La plus précieuse des marchandises, c’est le choix du film d’animation (esquissé par Michel Hazanavicius de ses propres mains) pour succéder au documentaire. Mettre en scène des images inanimés, des silences qui crient, des blizzards, de la fumée, des cheminées des camps, de la vapeur des trains, des fonds noirs qui recouvrent l’écran, des hors champs ou bien un oiseau qui sillonne le long des barbelés des camps, pour voir de ses propres yeux l’effroyable sans que ce soit insoutenable à regarder. Apporter un devoir de mémoire sans terroriser.

La plus précieuse des marchandises de Michel Hazanavicius, c’est Michel Hazanavicius. Ce n’est pas l’œuvre d’un cinéphile ou d’un amoureux de septième art. Ce ne sont pas des références. C’est l’œuvre de son auteur qui parle avec son cœur. C’est le regard unique d’un être humain, dont son histoire familiale et ses origines ont été confrontées à la Shoah, qui croise des regards pour comprendre ce que sont devenues les victimes de la Shoah : des êtes déshumanisés.

La plus précieuse des marchandises, c’est un film sur la vie.

Une pensée pour Jean-Louis Trintignant, narrateur du récit, pour son dernier rôle au cinéma."

- Camille, Agente du Vox (groupe de 15-25 ans)